La Maison Samaran célèbre ses cinquante ans. Une affaire familiale qui n’a eu de cesse de grandir pour devenir une véritable institution autour du foie gras.
Christophe Samaran ressemble beaucoup à son père. Il possède aussi cet esprit d’entreprise qui, bien au-delà de la région, a fait la notoriété de l’enseigne dans le foie gras et le cassoulet. Cette année, la Maison Samaran fête ses cinquante ans. Une histoire familiale démarrée en 1968 avec Danielle et Pierre. «Mon père a convaincu ma mère, alors coiffeuse à Muret, de venir l’aider dans sa loge de Victor-Hugo. Elle n’est jamais repartie. Cette loge, a l’époque de trois mètres en mesure aujourd’hui 26», relève Christophe Samaran laissant entendre que la longueur d’une loge peut prouver l’ascension de l’entreprise.
Deux ans plus tard, le magasin s’installe face au marché Victor-Hugo, suivi de l’implantation des abattoirs et de la conserverie à Tournefeuille, d’une loge aux marchés Saint-Cyprien et des Carmes. Et plus tard, de boutiques à Tournefeuille, à Sesquières et rue de Rémusat à Toulouse.
La Maison Samaran a aussi ses propres éleveurs et gaveurs venus du Tarn, de Haute-Garonne et du Gers. «Ce sont 3000 canards qui chaque semaine sont mis en boîtes pour du fait maison», précise Christophe Samaran qui dirige 48 salariés.
L’enseigne fournit les grands restaurants toulousains, les épiceries fines de Marseille, Lyon, Nice, Menton. Il approvisionne aussi en foie gras des établissements en Andorre, Copenhague, Hong-Kong… «Depuis peu, Samaran est aussi présent à l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Il faut bien cela pour faire connaître le bon goût du terroir».
Devenue la mascotte du TFC avec le canard Samaran, la Maison s’enorgueillit aussi d’avoir servi «des people» comme Just Fontaine, Belmondo, Platini, Nougaro. En 2000, Jacques Chirac, en bon épicurien, avait insisté pour visiter la loge de Victor Hugo.
Une réussite basée aussi sur le ressenti. Car Pierre Samaran ne s’est pas contenté d’être un entrepreneur, il fut aussi novateur, pressentant les changements alimentaires de la société : «En 1970, au grand bonheur des restaurateurs et des clients, mon père décide avec ses gaveurs, de faire du canard toute l’année, et non plus seulement de novembre à mars».
Christophe affiche déjà 30 ans de métier. «J’ai repris les rênes en 1988 avec mon frère David, décédé dernièrement», dit-il tristement. Lui aussi a observé l’évolution du métier, «aujourd’hui, le client veut du tout prêt, d’où l’installation de la rôtisserie en 1998. Il a aussi d’autres habitudes d’achat, arpentant le marché non plus entre 7 et 9 heures comme avant mais vers 11 h ou en soirée, après le travail. D’où le projet d’ouvrir le marché l’après-midi dès septembre prochain». Christophe Samaran savoure : «Je suis un chef d’entreprise heureux de travailler avec les miens. Et des employés fidèles dont la plupart affichent plus de vingt ans de maison. La famille est une force. Elle aide à grimper doucement et très haut».